Ce 11 mars, après 50 ans d’habitat à la Ferme du Biéreau, la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve a évacué les habitant·es de l’ASBL Corps & Logis sous couvert d’un risque imminent d’incendie. La stabilité structurelle du bâtiment n’était pourtant nullement mise en cause.
Depuis 2011, l’ASBL et les habitant·es sont liés à leur propriétaire, la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, par une convention d’occupation. Une visite de la zone de secours a eu lieu en 2023, mais l’association n’a reçu qu’en août 2024 le rapport de prévention incendie indiquant des prescriptions concernant le bâtiment du corps de logis. Ce temps perdu a ralenti les initiatives de l’association.
Une réunion était prévue pour rencontrer le bourgmestre et son équipe. En réponse à ce rapport, l’ASBL Corps & Logis a élaboré plusieurs propositions de travaux, à planifier avec la nouvelle équipe communale, et préparé un dossier traçant de nombreuses solutions chiffrées.
Mais ce mardi 11 mars à 11h30, alors qu’une délégation d’habitant·e·s de la ferme est reçue dans une salle de réunion de la Maison communale, alors que se déroule un entretien constructif et serein, les participants à la réunion apprennent, avec surprise que, dès 11h45, un dispositif policier de plusieurs fourgons équipés de matériel anti-émeute forme un cordon autour du corps de logis. Puis que les portes d’entrée de leur logement sont grillagées de l’extérieur, enfermant certain·es des habitant·es et empêchant d’autres d’entrer. C’est un choc ! Néanmoins, la délégation confie, à l’équipe communale, ses dossiers techniques et culturels, pour de futures négociations.
À 13h30, les membres de l’ASBL Corps & Logis se rassemblent sur place et décident de contacter leurs avocats et toutes les personnes qui la soutiennent pour organiser le reste de cette journée hors-normes. Initialement prévue à 15 heures, l’évacuation policière du lieu aura finalement lieu à 18 heures grâce à la mobilisation des sympathisants de l’association.
À l’heure actuelle, les portes, les fenêtres et autres accès du corps de logis ont été grillagés. Ayant emporté le strict nécessaire, les habitant·es ont quitté la ferme et ont pu trouver refuge chez des amies, refusant dans l’immédiat et dans ces conditions de dialogue rompu, la solution de relogement proposée par la Commune.
Le Collectif Corps & Logis demande la transparence et la confiance de l’administration et du corps politique afin de pouvoir remettre le corps de logis en état et de résoudre la situation avec eux. Concrètement, il demande une réunion avec les acteurs culturels, les responsables du patrimoine matériel et culturel, ceux des travaux et de la zone de sécurité, pour retrouver leur logement le plus tôt possible et pouvoir continuer les activités. Il refuse de voir la ferme mourir des suites de l’évacuation et souligne que, comme tous les habitant·es, depuis le 16e siècle, le collectif a pris soin du corps de logis en l’habitant.
Contacté par la presse, le bourgmestre a justifié l’évacuation du bien par le fait que sa responsabilité personnelle et pénale est engagée dès lors qu’il sait qu’il y a un risque pour la sécurité des personnes.
Une pétition réclamant une garantie de retour dans la Ferme du Biéreau pour l’ASBL Corps & Logis, ses habitant·es et ses activités a été lancée.
L’asbl Corps & Logis est une association d’habitant·es de la Ferme du Biéreau qui organisent des évènements culturels citoyens accessibles à tous. Cette institution historique de Louvain-la-Neuve est l’héritière de pratiques culturelles alternatives proposées au sein de la ferme depuis 1972. Sont passé·es entre ses murs : Peter Tosh, Brigitte Fontaine, Jacques Higelin, Les Hoquets, Weyes Blood et, plus récemment, La Jungle, Ni, Emeline tout court et des centaines de groupes et d’activités – tout cela sans subsides autres que l’habitat.